Donde se olvida pensar en un titulo

Notre semaine au Mexique, dans la péninsule de Baja California, a été riche en surprises...

Après plus de 24h de bus et cinq changements - dont un dans le ghetto de Los Angeles, à San Bernardino, c'était une expérience - on a fini par passer la frontière à Tijuana, à pied sans que personne ne nous fouille ou ne nous interroge. Sitôt franchi la frontière, nous avons sauté dans un bus pour Ensenada que l'on dit être la première ville digne d'intérêt au sud de Tijuana.

Ensenada est une ville moyenne en bord de mer, avec quelques plages et un joli port de plaisance. Il y a une longue rue commerciale  qui court d'est en ouest où tout est bien poli et bien ennuyeux. C'est une longue succession de magasins de liqueurs à bas prix, de restaurants aux menus en anglais, et de bars tape-à-l'oeil pour étudiants américains en weekend de débauche. Ca reste assez charmant tout de même. Au bout d'un moment cette rue des bars croise la rue des souvenirs ethniques qui elle-même se termine sur la place des tacos au poisson.







Notre but n'était pas d'y rester de toute façon. Nous voulions pofiter de notre Greyhound discovery pass qui devait nous permettre de voyager gratuitement sur une ligne Nord-Sud en Baja California. On a fini par comprendre que nos informations étaient périmées et que le pass n'était pas valide au Mexique. Du même coup, on a réalisé que les transports sont simplement hors de prix en Baja California : il nous aurait fallu dépenser plus de 200$ chacun juste pour le trajet en bus. En voyant les prix, on s'est dit que louer une voiture nous reviendrait moins cher, que l'on serait plus libres et qu'on pourrait dormir dedans. Mais ni Till, ni moi ne nous voyions sérieusement conduire les 17h de route jusqu'à Loreto ou Guerrero Negro au Sud. Surtout que j'avais plein de projets pour mes dernières semaines et que le temps nous était précieux, à Till comme à moi.
Cette après-midi là, on a pris le parti de ne pas en prendre et nous sommes repartis nous balader en ville. On a mangé un délicieux déjeuner au restaurant "Nutrission", probablement un des meilleurs sandwichs de ma vie. Avec une soupe de carottes et une "agua fresca" à la fraise. Une agua fresca c'est tout simplement des fruits mixés avec de la glace, de l'eau et du sucre. Et c'est ce qu'il y a de meilleur et de plus frais... C'était à tomber. Tout ça pour 5 euros aussi.



Par une totale coincidence, nous avons choisi d'aller à Ensenada au moment de la grande course d'automobiles "Baja 500". C'est une course off-road de 500 miles avec des voitures comme celle sur la photo, des motos et des quads. Apparemment, 300 équipes viennent du monde entier pour concourrir. Un américain m'a dit que des équipes dépensaient des millions pour participer à ces courses. Evidemment, la course ne se passait pas en ville, seulement le départ et l'arrivée que l'on a vue le soir. C'était assez hallucinant parce qu'il n'y avait aucune protection le long des trottoirs, des gamins traversaient n'importe comment alors que les types accéléraient comme des boeufs devant la foule. Je dois admettre que c'était un peu impressionant mais ça m'a quand même laissée froide dans l'ensemble.





Le lendemain, on a bien réfléchi à nos options et on s'est dit que c'était idiot de perdre du temps en Baja California alors qu'on n'aurait ni le temps, ni l'argent pour y faire quelque chose qui en vaille la peine. On a décidé de repartir pour les Etats-Unis, Till à Las Vegas et moi en Californie. J'avais tellement entendu d'histoires d'Européens avec des visas waiver qui les renouvelaient en passant la frontière à Tijuana, que je n'envisageais même pas la possibilité de ne pas pouvoir rentrer aux US.

Manque de pot, la police des frontières, elle, l'envisageait très bien! Un premier agent m'a renvoyée dans les bureaux où ils m'ont annoncé que non, ça n'allait pas être possible. Ils ont barré le tampon dans mon passeport et m'ont expliqué que si je retentais d'entrer dans les 30 jours suivants je serai sans doute expulsée (ici, on dit "déportée") et bannie pour un nombre d'années certain. Bon. Inutile de négocier bien-sûr.

Je n'aurais pas assez d'une vie pour remercier Till d'être resté avec moi ce soir-là, parce que j'étais vraiment découragée. Les policiers nous ont raccompagnés à une porte dans le grillage de la frontière et nous ont poussés au Mexique. Là, c'était surréaliste. Jusqu'à présent, on avait passé la frontière avec Greyhound donc en priorité. On a pu voir la vraie jungle de la frontière de Tijuana. Les gens font la queue pendant des heures... Il y a peut-être 300 m de queue pour traverser et ça serpente de partout. Au milieu de tout ça, sur les trottoirs pour ceux qui passent à pied mais aussi sur la six-voies au milieu des embouteillages, il y a des barraques à tacos et burritos, des vendeurs de cigarettes à l'unités, des vendeurs de tout ce qui peut se vendre en fait. Ajoutez les taxis qui se faufilent partout où c'est possible et klaxonnent dès qu'ils voient un client potentiel et le tableau est complet. Sur le coup, c'était assez impressionant, on n'avait aucune idée d'où on était, on ne voyait pas comment traverser l'autoroute et on n'avait pas non plus d'hotel pour juste donner l'adresse à un taxi.
Heureusement, il y a des choses sur lesquelles on peut toujours compter en ce bas monde. C'est en nous tournant vers le ciel que nous avons eu la vision de notre salut... A quelques centaines de mètres, les arches dorées du M de McDonald's nous tendaient leurs bras rassurants. Rassérénés, nous nous sommes mis en route vers le wifi promis. On a pu trouver l'adresse d'un hotel pas cher et un taxi pour nous y amener.

Pour le prix l'hôtel était vraiment bien : 13 euros pour deux... Encore moins cher que ce qu'on  payait en Hongrie il y a 4 ans de ça. Je pense que c'est aussi pour ça qu'on s'est attardés à Tijuana. Le lendemain de mon refoulage à la frontière, on est sortis se balader en ville, histoire de ne pas se laisser abattre. Ici aussi, il y a une grande rue touristique : la Avenida Revolucion ou "La Revo". Comme pour sa cousine à Ensenada, les trottoirs y sont peints en rouge, va savoir pourquoi..









Il faut dire qu'on ne s'attendait pas à grand-chose Till et moi. On avait entendu tellement de mauvaises choses sur Tijuana qu'on avait fini par les croire ; surtout moi étant une fille (Quoi?! Tu vas à Tijuana toute seule?!! Y a des façons moins douloureuses de se suicider tu sais...).
Au final, on a tous les deux beaucoup aimé Tijuana. Difficile d'expliquer pourquoi... C'est vrai, la ville est laide, il y a des voitures partout, les gens ne sont pas particulièrement aimables et plutôt moches si on va par là. De partout, on se fait accoster par des rabatteurs pour des bars ou des magasins de souvenirs. Mais la ville a quelque chose de spécial au-delà de tout ça, comme de l'électricité dans l'air. Ca bouge de partout, ça grouille. C'est la Jungle urbaine par excellence. Le deuxième matin, je suis descendue à la cabine téléphonique du coin de la rue pour appeler le consulat mais j'ai vite abandonné à cause du boucan ambiant. Je me suis postée là, au croisement de Zapata et Madero, entre les odeurs des stands de tacos, les gaz d'échappements, les klaxons des taxis, les gloussements des collégiennes d'en face et les cris des vendeurs de fruits... Je respirais la pollution à grandes goulées, j'étais bien.
Bon, même si Tijuana est fantastique, j'ai un peu de mal à imaginer y faire ma vie donc j'ai du commencer à réfléchir à un moyen d'en sortir. Les vols pour le Canada étaient globalement affreusement chers. Sachant que je ne pouvais pas avoir d'escale aux Etats-Unis, mes options étaient réduites à la portion congrue et la différence de prix était considérable.
J'ai donc essayé d'en savoir plus, voir s'il m'était quand même possible d'avoir une escale dans un aéroport US. Je suis retournée aux bureaux américains au milieu de la frontière pour leur poser la question. Là, ils m'ont laissée passer devant, ils étaient tous très gentils à se creuser la tête et regarder sur internet alors qu'ils n'avait aucune idée de quoi me répondre. Finalement, ils m'ont donné le numéro du consulat américain à Tijuana en me disant qu'eux aurait sûrement une réponse fiable pour moi. On est donc ressortis avec notre petit papier et sur les dix mètres entre la porte du bureau et celle du Mexique, ce petit bonhomme des customs et borders enforcement nous a littéralement sauté dessus.
"What are you doing here? Where do you think you're going? Can I see papers?". Il avait l'air d'avoir quatorze ans, asiatique, un peu plus grand que moi, tout maigrelet, les cheveux couvert de gel sous sa casquette de police et il cocottait l'after shave (musqué) à vingt mètres. Il avait l'air tellement hargneux que je sentais venir l'embrouille. Ca n'avait aucun sens en plus : de toute évidence, on sortait du bureau où l'on avait probablement parlé à ses supérieurs qui nous avaient déjà autorisés à repartir au Mexique et surtout, la frontière mexicaine ce n'est pas leur affaire, ils ont déjà bien assez de mal avec la leur. Mais il a fallu qu'on tombe sur le zélé de l'équipe. Il nous a fait chier pendant dix bonnes minutes, on a dû lui raconter tout notre voyage, ce que l'on faisait dans nos pays respectifs, comment on se connaissaient, combien d'argent on avait, il m'a même demandé un visa pour le Canada ce dingue! A la frontière mexicaine! Au final, comme je n'arrivais à obtenir de réponse cohérente de personne sur cette question d'escale, j'ai fini par réserver un vol pour Montréal via Ciudad de Mexico.

Le mardi soir, notre dernier soir, on est sortis pour célébrer un peu. C'était étrange, on avait l'impression d'être les deux seuls touristes dans une ville faite pour les touristes. On a bu des margaritas et des pina colada à tomber dans un bar où on était les seuls clients. Je me suis découvert une nouvelle passion pour la tequila, qui s'ajoute à celle du bourbon et des bières india pale ale... Ce sont les grandes découvertes gustatives de ce petit détour en Basse-Californie : la cuisine mexicaine qui n'est pas bonne au Etats-Unis mais délicieuse au Mexique, la tequila (vieillie et de qualité) à boire à petites gorgées et avec un cigare comme un gentleman.

Il y a quelques petites choses qui nous ont bien fait rire au Mexique. Les Mexicains vouent une espèce de culte au papier toilette... Il y a des promotions en permanence pour le PQ, des grosses pubs à la télévisions, les rouleaux peuvent être achetés un par un dans des emballages individuels - on peut créer son propre assortiment! Et surtout on ne jette pas le papier toilette dans les WC mais dans la poubelle à côté...





Sinon, c'était effarant comme TOUT LE MONDE était gros. Ni Till, ni moi n'avons vraiment remarqué de différence aux USA, sauf peut-être au Texas, mais là c'était flagrant. Les Mexicains ne sont pas vraiment gatés par la nature parce qu'ils grossissent seulement du ventre! Ils ont des bras et des jambes tout maigres qui sortent d'un énorme ventre. Et je crois que le Mexique est le pays le plus diabetique du monde...

Sinon, la nourriture était vraiment meilleure et moins chère qu'aux Etats-Unis.

Tamales : sorte de pâte de maïs cuite dans une feuille de celles qui entourent l'épi de maïs avec de la viande à l'intérieur et des haricots à côté.

Ceviche : marinade de poisson (cru je crois) sur un taco croustillant.

Quesadillas : tortillas de blé fourrées aux fromages.

Petit dèj à 2 euros : oeufs, chorizo, nachos et haricots.

Tacos al pastor : ça ne me disait rien à moi, c'est le repas de Till...

Finalement, autre choc culturel : les ONGLES!!!!!! Encore plus flippants que chez les Américaines.


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